

Les Britanniques savaient déjà pour les fêtes de Noël de fin 2020 à Downing Street, avec jeux de société et canapés à volonté, alors qu’ils étaient tous privés de réunions familiales. Ils ont aussi découvert lundi 10 janvier l’existence avérée d’une « Booze party » (une soirée alcoolisée) le 20 mai 2020, à laquelle Boris Johnson a admis avoir participé, violant les règles du confinement, alors que les pique-niques dans les parcs étaient encore interdits et les participations aux enterrements limitées à trente personnes.
Grâce au Daily Telegraph, ils ont aussi découvert avec consternation jeudi 13, que la musique a résonné jusqu’au milieu de la nuit dans l’impasse la plus connue du pays, le 16 avril 2021, veille de l’enterrement du prince Philip, en plein deuil national. Ces événements sont « profondément regrettables », a déclaré un porte-parole du premier ministre vendredi 14, assurant que « Downing Street a présenté ses excuses à Buckingham Palace ».
La photographie avait fait le tour du monde : le 17 avril 2021, la Reine Elizabeth II, 95 ans, fait face au cercueil de son mari dans la chapelle Saint-Georges de Windsor. Elle se tient seule, règles de distanciation sociale oblige. Le prince Philip est un personnage controversé, mais les Britanniques communient largement avec le deuil de leur souveraine, ultra-populaire, alors que des dizaines de milliers d’entre eux pleurent leurs morts du Covid-19. Même à Belfast, les jeunes des quartiers protestants mettent fin aux bagarres de rues provoquées par leur rejet du protocole nord-irlandais, par respect pour la Reine.
Culture de l’impunité
Pourtant, la veille au soir, le vin coule à flots au rez-de-chaussée du 10, Downing Street où deux fêtes battent leur plein, dont l’une en l’honneur de James Slack, le directeur de la communication de Boris Johnson, qui quitte ses fonctions pour devenir rédacteur en chef adjoint du Sun. Avec un luxe de détails, le Telegraph, fort soutien jusqu’alors du premier ministre, raconte que la musique était assurée par Shelley Williams-Walker, conseillère spéciale de M. Johnson. Les bouteilles ont, elles, été achetées au Co-op, une supérette au bout du Strand (le boulevard passant devant Downing Street) et transportées dans une valise. En fin de soirée, dans les jardins clos de Downing Street, un convive a même essayé la balançoire de Wilfred (18 mois), le fils de Boris et Carrie Johnson, et l’a cassée.
Boris Johnson n’était pas présent ce soir-là : il était déjà parti pour sa résidence secondaire de Chequers, précise le Telegraph. Il n’empêche : cette « booze party » montre à quel point une culture de l’impunité semble s’être largement développée au cœur de l’exécutif britannique. Les personnes chargées de définir les contraintes sanitaires étaient les premières, manifestement, à ne pas les respecter.
Il vous reste 54% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
via LeMonde
via DakarXIbar