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MESSAGE DU KHALIF GÉNÉRAL DES TIDIANES : RESTAURER NOTRE VOLONTÉ DE VIVRE ENSEMBLE. (Par Pr Abdoul Aziz Kébé)

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À l’entame de ce nouvel an 1443, le Khalife général des Tidianes, Serigne Babacar SY Mansour, nous a gratifiés d’un discours lourd de sens, sur la lignée de l’annonce divine : Nous allons te révéler des paroles lourdes (très importantes) [1]. Innâ sa-nulqî ‘alayka qawlan thaqîlan.

Ce discours vient comme pour ne rappeler que nous avons l’opportunité, dans ces moments de crise, de nous inspirer de l’élan de l’Hégire qui a propulsé l’islam si loin et si haut, après qu’il fut en crise. Ce discours nous a parlé. Il nous a délivré un message pour que nous modifiions nos comportements, dans un sens qui nous améliore, et qui nous place sur la rampe du progrès social, et de l’élégance morale.

 

L’on peut comprendre, à travers cette interpellation, un avertissement pour nous réveiller et nous éveiller sur la signification qu’il nous faut donner à la crise. Est-ce pour nous lamenter, nous mobiliser dans une complainte permanente comme, hier, avertissait son homonyme, le 1er Khalife de Mawdo ? Ou bien alors, est-ce le moment de l’action collective pour faire face aux contingences, avec contrition mais aussi avec raison ? La réponse est, sans nul doute dans cette dernière. Car il se reflète, dans cette invitation, un réajustement, une claire conviction que la crise n’est pas inéluctable. Elle pourrait même être une opportunité pour un changement, si nous sommes attentifs et capables de lui donner une signification autre que la résignation et les complaintes. Donner une signification à la crise sanitaire, avec ses multiples conséquences, c’est interroger le Coran sur le sens de l’épreuve, balâ.

 

Retour à Dieu par l’humain

 

L’épreuve, dans l’enseignement coranique, est toujours un rappel et un appel. Elle rappelle que nous sommes proches de la ligne rouge, des limites. Or, en gravissant allègrement les limites, on est dans l’aventure, dans l’inconnu même. Puisqu’au-delà des limites, il n’y a plus de frontière et quand il n’y a plus de frontière, on sait plus où l’on va. C’est pour ramener les humains dans le cadre qui définit leur humanité, et les prévenir de ce risque d’errance, que les épreuves sont des rappels et des appels au retour[2]. Et le Khalife l’a bien évoqué, en appelant à un retour vers Allah, par un retour vers soi, vers ce qui, en chacun de nous, appelle à l’humain, c’est-à-dire, à la vertu.

 

Le retour à Dieu par la prière est-il suffisant ? Il est nécessaire mais pas suffisant. Le khalife le précise dans son message en prônant les prières, l’aumône, et d’autres actions d’adoration, certes. Mais il exhorte à l’action aussi, pour assurer à l’espoir sa base spirituelle et son support matériel. Car c’est ce support matériel qui atteste notre attachement à l’humain. Or, il est illusoire de proclamer son sentiment à l’humain sans être rattaché aux autres, par le lien de l’action. Mais de quelle action s’agit-il ?

 

Le Khalife général des Tidianes, en s’adressant à chacun en tant qu’individu, responsable devant Dieu, c’est-à-dire, répondant de ses actes, place tout le monde devant sa responsabilité individuelle. C’est cet assujettissement ultime aux conséquences de ses actes[3] qui dicte l’ajustement à la vertu, quels que soient son rang et ses grades.

 

Tension vers Dieu par l’attention portée sur les autres

 

Certes, dit Serigne Babacar Sy, l’épreuve que nous vivons est de la volition de Dieu qui, Seul, a le pouvoir de la dissiper[4]. Cependant, cela n’empêche pas de faire usage de notre responsabilité individuelle, de réveiller l’humain en nous, par l’intérêt que nous devons avoir pour les autres. Ceci est diffèrent du fait d’intéresser les autres à notre propre personne, à notre propre cause. Et Serigne Babacar interpelle ici, aussi bien les mouvements citoyens que les groupements politiques, engagés dans le jeu démocratique.

L’attention portée sur les affaires publiques, sur les hommes et leur devenir en société doit rester dans le cadre qui nous définit, en tant que citoyens mais en tant que citoyens croyants. 

 

via DakarXIbar