

Une semaine est passée depuis que les talibans ont pris le pouvoir en entrant, victorieux, le 15 août, dans Kaboul, une capitale tombée sans combattre, au terme d’une offensive dans le pays de seulement quarante-cinq jours.
La population afghane est de nouveau confrontée à ces fondamentalistes musulmans chassés d’un pouvoir qu’ils ont détenu entre 1996 et 2001. Ils affirment avoir changé, mais ils n’obéissent toujours qu’à la loi de dieu. Ils jurent avoir abandonné leurs pratiques obscurantistes, telles que les lapidations et les exécutions publiques, et ils ont déclaré avoir ouvert des enquêtes sur les accusations d’exactions. Ils promettent, enfin, un gouvernement « ouvert et inclusif » et veulent entretenir des relations internationales cordiales après avoir été mis au ban des nations.
Le Monde a recueilli des témoignages à Kaboul et dans le reste de l’Afghanistan pour prendre le pouls d’un pays qui n’a plus rien à voir avec celui que les talibans ont dirigé.
Plus de la moitié de la population afghane est née après 2001. Encore essentiellement rural, il y a vingt ans – ce sont les campagnes traditionalistes qui ont donné naissance au mouvement taliban, notamment dans le Sud pachtoune –, le pays s’est, depuis, urbanisé, modernisé et ouvert sur l’étranger. En 1996, Kaboul était détruite et comptait moins de 300 000 personnes. Aujourd’hui, la Banque mondiale estime à six millions le nombre de ses habitants et les immeubles ont fleuri.
Pour les talibans, des défis inattendus
Les témoignages offrent une image contrastée du retour des talibans, en fonction des milieux sociaux, des régions, des moyens financiers, des ethnies et des histoires personnelles.
Si l’aéroport de la capitale incarne, aux yeux du monde entier, le chaos qui règne actuellement dans le pays, la réalité est, en effet, plus nuancée. La crainte du régime taliban et de la privation de liberté, ainsi que les menaces directes sur vingt ans d’acquis pour les femmes afghanes, cohabitent avec un profond soulagement, celui de voir quarante ans de guerre quasi ininterrompue prendre fin.
Symbole d’une forme de retour à la normale, dimanche, des camions parcouraient les rues de la capitale pour enlever les pièces en béton élevées depuis des années en hauts murs de protection autour des administrations, de la zone verte des ambassades et des carrefours stratégiques du centre-ville. Le Kaboul bunkérisé depuis quinze à vingt ans est appelé à disparaître.
« Plus besoin de voitures blindées puisque ceux qui posaient les bombes sont aux manettes » Un entrepreneur de Kaboul
Il vous reste 75.66% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
via LeMonde
via DakarXIbar