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La mort de l’écrivain estonien Jaan Kaplinski

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L’écrivain estonien Jaan Kaplinski, en 2014.

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Voix majeure de la littérature estonienne contemporaine, le poète, prosateur et essayiste Jaan Kaplinski, lauréat 2016 du Prix européen de littérature, est mort le 8 août, à Tartu (Estonie), de la maladie de Charcot. Il avait 80 ans.

Né le 22 janvier 1941 à Tartu d’une mère estonienne francophile et d’un père polonais mort au Goulag, il avait étudié le français et la linguistique à l’université de Tartu, avant de se faire connaître comme poète à partir de 1965, et de jouer un rôle majeur dans la renaissance littéraire des années 1960 en Estonie soviétique. Sa poésie, d’une grande diversité formelle (depuis de longs versets ou vers libres jusqu’à un minimalisme extrême, en passant par des vers réguliers et rimés), témoigne d’une remarquable cohérence par l’attention particulière qu’elle accorde à la nature et à la place de l’homme en son sein. Pour Jaan Kaplinski, la nature est la source d’une expérience métaphysique d’inspiration bouddhiste : motif d’émerveillement, voie d’accès à la beauté du monde et à l’approbation du réel, sa contemplation conduit à la compréhension de l’unité et de la continuité de l’être.

Sans jamais renoncer à la poésie, il avait entamé dans les années 1970 une œuvre en prose importante et diverse, qui comprend notamment des ouvrages d’inspiration autobiographique – tel son roman Seesama jõgi (« Le même fleuve », 2007, non traduit), qui décrit l’éducation intellectuelle et sentimentale d’un étudiant dans le Tartu des années 1960 –, des récits de voyage, deux pièces de théâtre, des nouvelles fantastiques, des contes pour enfants, mais aussi et surtout de nombreux essais politiques et philosophiques grâce auxquels il s’était imposé en Estonie, en Finlande et en Scandinavie comme un penseur profondément original, critique de la société occidentale et de sa pensée dichotomique et technicienne, auxquelles il opposait une vision holistique de la vie et de l’univers, attentive à l’ensemble du monde vivant et aux conditions de sa préservation.

Durant l’époque soviétique, sans aller jusqu’à la dissidence, il avait incarné avec d’autres personnalités culturelles une forme de résistance intellectuelle au communisme. Il était notamment l’un des principaux auteurs de la « Lettre des 40 intellectuels » qui, à l’automne 1980, avait dénoncé en termes vigoureux la russification de l’Estonie.

Esprit universel et polyglotte

Après le rétablissement de l’indépendance, il avait siégé pendant quelques années au Parlement estonien (1992-1995), avant de prendre ses distances avec la politique et de critiquer les excès du nationalisme. Il aimait d’ailleurs souligner ses racines polonaises et juives (du côté de son père), dont la quête lui avait fourni en 2003 la matière d’un livre, Isale (« A mon père », non traduit).

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via LeMonde

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