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« La France doit offrir l’asile aux défenseurs du patrimoine culturel afghan »

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Des Afghans travaillent sur le site du minaret de Djam après les crues qui ont failli l’engloutir, en mai 2019.

Le président de la République française s’est exprimé lundi 16 août pour exposer la position de la France face à la prise de Kaboul et, de facto, de l’Afghanistan, par les talibans. Les propositions sont claires. La France défendra les valeurs de la République à l’étranger, « les Afghans ayant travaillé pour la France » mais aussi « les défenseurs des droits, artistes, journalistes, militants ». Si cet effort vise à aider, sous forme de visas notamment, les Afghans qui ont participé à la défense de valeurs communes à la France, cette liste présente malheureusement une amère absence : ceux et celles qui, au péril de leurs vies, protègent le riche patrimoine culturel d’Afghanistan.

Ceux d’entre nous qui ont eu le privilège de travailler sur le patrimoine culturel afghan réalisent avec inquiétude que cette catégorie de professions est largement oubliée par les différents programmes d’attribution de visas proposés par la France, les Etats-Unis, le Canada et d’autres. Pourtant, ces professionnels de la culture, qu’ils soient chercheurs ou étudiants, directeurs ou employés de musée, travaillent depuis plus de vingt ans à remettre sur pied une culture afghane riche, diversifiée, complexe.

Cette protection va parfois à l’encontre des efforts des talibans, dont le désir est de ne conserver que des représentations historiques et culturelles conformes à leur théologie particulière, une tension qui, en 2001, a mené à la destruction des deux bouddhas géants de la falaise de Bamiyan. Pour cette raison, ces hommes et ces femmes ont fait l’objet de menaces et sont aujourd’hui en danger de mort.

Collaborations productives

Le patrimoine culturel de l’Afghanistan n’est plus à présenter. Les dommages dont il a été victime non plus. Des bouddhas de Bamiyan dynamités il y a vingt ans au pillage à grande échelle des sites tels qu’Ai Khanoum, des bombardements du vieux Kaboul dans les années 1990 aux crues massives et régulières menaçant le superbe minaret de Djam [classé à l’Unesco], la protection du fragile patrimoine culturel afghan n’est due qu’aux efforts incessants des archéologues, sociologues, architectes et autres experts afghans et internationaux qui ont patiemment fouillé, documenté, analysé, restauré et protégé.

« Notre histoire fait la fierté de notre pays. L’honneur de la France, c’est donc en toute logique le soutien sans équivoque à ces protecteurs du patrimoine »

Ces travaux ont également permis la mise en place de collaborations productives entre pays, aux effets dépassant de loin le domaine de la culture. Nous pouvons ici parler du travail de la délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA), qui célébrera son centenaire en 2022. Ces collaborations scientifiques ont permis d’enrichir les relations franco-afghanes tout en protégeant un patrimoine unique et vital.

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via LeMonde

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