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Varsovie a ouvert un nouveau front sur la scène internationale en promulguant, samedi 14 août, une loi sur les restitutions des biens spoliés par les nationalisations d’après-guerre. Objet d’un vaste consensus de la classe politique polonaise, ce texte, approuvé par le président polonais Andrzej Duda après son adoption, le 11 août, par le Parlement polonais, a été vivement condamné par les diplomaties américaine et israélienne. Limitant à trente ans le délai maximal pour contester une décision administrative « prise en violation flagrante du droit », il vise à régler définitivement la question des « reprivatisations » des biens immobiliers nationalisés après 1989.
La Pologne n’ayant pas adopté de loi régulant la restitution des propriétés spoliées, le processus avait conduit à l’expulsion de leurs logements de milliers d’habitants, parfois dans des conditions douteuses. La loi gèle les procédures en cours et empêche l’introduction de nouveaux recours par les descendants ou ayants droit de personnes expropriées par le régime communiste. Bien que seuls de 15 % à 20 % des cas concernent des descendants de victimes de la Shoah, c’est essentiellement à travers ce prisme que l’adoption de cette loi a été lue au niveau international.
Outre les mots durs du chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, regrettant son impact négatif sur les « survivants de la Shoah et leurs familles », c’est bien d’Israël que sont venues les critiques les plus vives, illustrant une fois de plus la dégradation rapide des relations entre Varsovie et Tel-Aviv.
« Pays antidémocratique »
Le ministre israélien des affaires étrangères, Yaïr Lapid, a dénoncé une loi « immorale et antisémite », et rappelé le chargé d’affaires de l’ambassade à Varsovie. Le nouvel ambassadeur en Pologne, qui devait prendre son poste sous peu, demeurera pour l’heure en Israël. L’ambassadeur polonais a, quant à lui, été invité à prolonger ses vacances dans son pays. S’exprimant sur les réseaux sociaux, le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a dénoncé des décisions qui ont pour conséquence de « nourrir la haine contre la Pologne et les Polonais » en Israël.
M. Lapid, fils d’un survivant de la Shoah, a déploré que la Pologne s’affirme comme un « pays antidémocratique et antilibéral, qui ne respecte pas la plus grande tragédie de l’histoire humaine ». Par cette critique frontale, l’homme fort de la jeune coalition au pouvoir en Israël, auquel le fauteuil de premier ministre est promis en 2023, entend aussi solder une part de l’héritage laissé par Benyamin Nétanyahou, chassé du pouvoir en juin après douze années continues d’exercice.
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via LeMonde
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