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Hongkong : les liaisons dangereuses du pouvoir et des triades

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Dans la moiteur d’un soir d’été hongkongais, les cinq « brigands » aux allures patibulaires décontractées, membres, passés ou actifs, de l’une des redoutables triades de Hongkong dont ils tairont le nom, se retrouvent pour un repas plus festif que d’ordinaire. Le dîner a lieu en plein cœur du quartier grouillant de Mongkok, autour de l’une des nombreuses tables rondes du restaurant du coin, lequel s’étale sur les trottoirs à la tombée du jour, dès que les échoppes voisines ont abaissé leurs rideaux métalliques.

La présence de ces gang members, parfaitement repérables à leur allure, ne dérange personne. Ils font partie du décor hongkongais, le grand public n’a rien à craindre. Au contraire même, certains Hongkongais estiment que c’est grâce aux triades qu’il y a si peu de délinquance dans la ville. Le patron qui prend la commande les connaît bien. Et les policiers qui, plus tard dans la soirée, feront une ronde dans le secteur pour vérifier le respect des consignes sanitaires de distanciation physique manqueront bizarrement de remarquer qu’il y a nettement plus de monde à cette table-là que le quota autorisé de quatre personnes.

Des décennies après ses heures de gloire, amplifiées dans le reste du monde par la chambre d’écho du cinéma hongkongais, le crime organisé continue d’avoir une place unique au sein de la société, une place que personne, ni la population ni même la police (qui n’a pas voulu répondre à nos questions, malgré plusieurs demandes), ne semble vouloir remettre fondamentalement en cause.

« Actifs ou retirés, tous frères à vie »

Sous la lumière bleuâtre des néons, Monkey, qui porte un marcel couvert de personnages de mangas, et Tak, plus propre sur lui avec un polo rouge et des lunettes, se disent « réformés » : en tant qu’anciens exécutants qui se sont fait prendre, ils ont purgé leur peine et travaillent à présent sur des chantiers de construction. La vie du crime, quand il fallait « dormir tout habillé pour être prêt à réagir à chaque instant », est bel et bien derrière eux.

Les trois autres sont plus évasifs quant à leur activité actuelle, amusés, voire flattés d’entretenir le doute sur leurs liens mafieux avec des sourires dubitatifs. On apprendra plus tard dans la conversation que l’un d’eux, Loi, serait en fait chef actif du secteur de Prince-Edward, un quartier voisin ; l’imposant médaillon en jade qu’il porte sur la poitrine sous son maillot de basket étant l’un des signes de son pouvoir. « Actifs ou retirés, nous sommes tous frères à vie, quoi qu’il en soit », affirme Monkey, qui dit être resté en très bons termes avec son ancien « boss », dont il montre la photo en disant : « Lui, il était bien pire que moi ! »

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via DakarXIbar

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