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La Cour suprême indienne veut nettoyer la vie politique et lutter contre le phénomène de criminalisation qui s’est considérablement amplifié au cours des vingt dernières années. Mardi 10 août, la plus haute juridiction du pays a infligé une amende, certes très symbolique, à huit partis politiques qui avaient refusé de publier la liste de leurs candidats faisant l’objet de poursuites pénales lors des élections régionales au Bihar, en novembre 2020. Le Bharatiya Janata Party (BJP), le parti du premier ministre Narendra Modi, et le Congrès, leader de l’opposition, devront payer chacun 100 000 roupies, soit plus de 1 100 euros. « Personne ne peut nier que la menace de la criminalisation du système politique indien s’accroît de jour en jour », ont relevé les magistrats.
C’est une des spécificités de la politique indienne que de compter de nombreux candidats et élus, tous partis confondus, impliqués dans des « criminal cases ». La Lok Sabha, la Chambre basse du Parlement, compte 233 députés, soit 43 % de l’assemblée, mis en examen dans des affaires pénales.
Les chefs d’accusation peuvent aller jusqu’au meurtre, en passant par la corruption, le viol, le kidnapping ou la simple participation à une manifestation non autorisée. Les mises en examen peuvent aussi constituer une arme politique pour museler les opposants. En 2014, un candidat dans le Tamil Nadu, un militant écologiste, comptait 382 poursuites, liées à ses actions en faveur de l’environnement !
« Infractions graves »
Selon Milan Vaishnav, universitaire et auteur d’un livre sur le crime en politique (When Crime Pays, Yale University Press, 2017), « si bon nombre de ces affaires concernent des accusations mineures, un député sur cinq est cité pour des infractions potentiellement graves, allant du meurtre à l’agression physique », et passible de plus de cinq ans d’emprisonnement.
L’un des curriculum vitæ les plus remarquables concerne Kameshwar Baitha, ancien député du Jharkhand de 2009 à 2014, avec 53 affaires pénales pendantes, un record pour un élu. Il comptait notamment 17 charges pour meurtre. Lorsqu’il gagna son siège en 2009, il croupissait en prison et ne fut libéré qu’en 2011.
En février 2020, la Cour suprême avait ordonné aux formations politiques de publier les noms de leurs candidats poursuivis et le détail des charges, dans les quarante-huit heures suivant leur sélection. Aucun parti ne s’est conformé à l’injonction. « La nation continue d’attendre et perd patience. Nettoyer le courant pollué de la politique ne fait manifestement pas partie des préoccupations immédiates des législateurs », relèvent les magistrats dans une décision de 71 pages qui fustige la « profonde inertie » des partis.
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via LeMonde
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