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Après le séisme en Haïti, la difficile reconstruction d’« un pays qu’on a laissé mourir par indifférence et corruption »

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Une maison détruite à la suite du tremblement de terre à Camp-Perrin, en Haïti, le 16 août 2021. Les secouristes ont utilisé des équipements lourds et leurs mains nues pour chercher des survivants sous les bâtiments rasés.

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Il aura fallu quelques secondes pour qu’un séisme de magnitude 7,2 réduise en poussière des dizaines de milliers d’habitations. Après le puissant tremblement de terre qui a frappé le sud-ouest d’Haïti le 14 août, faisant plus de 2 000 morts, les averses charriées par la tempête tropicale Grace se sont abattues sur l’île des Caraïbes mardi 17 août.

Une situation qui plonge un peu plus dans le chaos le pays le plus pauvre du continent américain, en pleine crise depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse, le 7 juillet. L’Unicef a estimé mardi que 1,2 million de personnes, dont 540 000 enfants, étaient affectées.

Pour Jean-Marie Théodat, géographe et spécialiste d’Haïti, maître de conférences à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, « Haïti n’est pas un cas exceptionnel » s’agissant de sa sujétion aux catastrophes naturelles, mais sa « vulnérabilité systémique », liée notamment à la crise politique profonde que traverse le pays, explique l’ampleur du drame humain.

Ouragans, inondations, éboulements, tremblements de terre. Haïti est habituée à affronter des catastrophes naturelles. En quoi sa position géographique explique-t-elle cela ?

Jean-Marie Théodat : Haïti n’est pas un cas exceptionnel. Cuba, la République dominicaine et la Jamaïque, par leur position sur le globe terrestre, sont également sujettes au double aléa : sismique et climatique. Un réseau de failles traverse l’île du sud-est au nord-ouest avant de se prolonger sous la mer dans le Yucatán. Par sa position en latitude, Haïti est sur la trajectoire des cyclones qui menacent chaque année les Antilles. Le risque est aujourd’hui aggravé par le dérèglement climatique.

Les plus grandes agglomérations d’Haïti (Port-au-Prince, le Cap-Haïtien, les Cayes, Léogâne) sont établies le long ou à proximité de l’une ou l’autre de ces failles. L’activité sismique se manifeste par une accumulation continue de tensions telluriques le long d’une fracture. C’est comme tirer par saccades successives sur un élastique jusqu’à son point de rupture.

Des habitants de l’île se rassemblent après avoir passé la nuit dehors à la suite du tremblement de terre, près des Cayes, en Haïti, le 17 août 2021.

Les derniers chiffres font état de plus de 2 000 morts en Haïti. Comment expliquer un tel bilan ?

Haïti subit une vulnérabilité d’ensemble due à la précarité des conditions matérielles, l’atonie de l’économie et la désorganisation de l’Etat

L’ampleur de la catastrophe s’explique de plusieurs façons. Haïti subit une vulnérabilité d’ensemble due à la précarité des conditions matérielles, l’atonie de l’économie et la désorganisation de l’Etat. Cette vulnérabilité systémique se ressent lors de catastrophes naturelles ou des crises politiques qui mettent à l’épreuve l’appareil d’Etat. Dans un pays soumis à un risque aussi grand, il n’y a aucune mise aux normes du bâti. Il y a donc une irresponsabilité collective encouragée par le manque de moyens pour relever le défi. La mise aux normes parasismiques du bâti engendre un surcoût global de 10 %. Ce n’est pas à la portée de toutes les bourses.

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via LeMonde

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