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Afghanistan : protéger ceux qui nous ont aidés

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Editorial du « Monde ». La liste est longue des Afghans qui ont tout à craindre du retour au pouvoir des talibans, vingt ans après en avoir été chassés pour avoir hébergé Al-Qaida sur leur sol. Soldats, policiers, politiques et fonctionnaires vivent dans la crainte des représailles des « étudiants en religion ». Les femmes vont de nouveau subir la loi d’un obscurantisme religieux totalitaire. Et, au sein de la société afghane, ceux qui sont aujourd’hui les plus immédiatement menacés sont ceux qui ont, durant ces deux décennies, travaillé pour des institutions étrangères.

La France est directement concernée. L’armée française a été engagée en Afghanistan, aux côtés des Etats-Unis, de 2001 à 2014. Des liens historiques, noués à l’époque de la résistance afghane contre l’occupation russe, font que de nombreuses associations humanitaires et culturelles françaises ont également mené des actions en Afghanistan. Des médecins, des journalistes, des activistes vivaient à Kaboul et entretenaient des liens avec des Afghans. Ces derniers craignent aujourd’hui que les talibans leur fassent payer cet engagement.

Le président Emmanuel Macron a, dans son allocution télévisée, lundi 16 août, trouvé les mots justes pour évoquer ces Afghans qui ont un lien avec la France. « C’est notre devoir et notre dignité de protéger ceux qui nous aident », a déclaré le chef de l’Etat, évoquant « les interprètes, chauffeurs ou cuisiniers » ayant travaillé pour l’armée. Il a également indiqué que la France protégeait les collaborateurs afghans du bureau de l’Union européenne à Kaboul.

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Si les mots sont justes, l’action de la France à l’égard de ces Afghans n’a pas toujours été exemplaire, c’est le moins que l’on puisse dire. A l’époque du retrait militaire français, 70 interprètes de l’armée avaient été accueillis en France, tandis qu’environ 500 avaient vu leur demande rejetée. Il a fallu que des juristes et des militants s’acharnent devant la justice, dossier par dossier, pour que certains d’entre eux puissent être accueillis. Il a fallu attendre 2019 pour que le Conseil d’Etat reconnaisse le droit à la protection de tout auxiliaire étranger de l’armée française. Les juristes qui ont mené cette bataille ont, contre les gouvernements successifs, sauvé l’honneur de la France.

« Une faute, une trahison »

Lorsqu’il était candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron avait comparé le sort des interprètes afghans de l’armée française à celui des harkis en Algérie, dénonçant « une faute, une trahison ». Leur sort a été partiellement réglé, 800 personnes liées à l’armée ayant depuis été accueillies sur le sol français, auxquelles s’ajoutent 650 personnes liées à l’ambassade. D’autres ont cependant dû rejoindre l’Europe via les routes des migrations clandestines. D’autres encore sont toujours en Afghanistan, notamment 85 anciens employés de l’armée. Tout doit être fait pour les évacuer immédiatement vers la France.

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Puis, au-delà de ceux qui ont travaillé directement pour l’armée ou l’ambassade, la France ne peut fermer les yeux sur ces Afghans qui ont été engagés depuis vingt ans dans un effort pour bâtir un nouvel Afghanistan, et sont depuis trois jours cachés dans Kaboul, clandestins dans leur propre pays. « De nombreux Afghans défenseurs des droits, artistes, journalistes, militants sont aujourd’hui menacés en raison de leur engagement, a relevé le président. Nous les aiderons, parce que c’est l’honneur de la France d’être aux côtés de ceux qui partagent nos valeurs. » Là encore, les mots sont justes. L’action concrète de la France devra, dans les prochains jours, être à la hauteur du discours.

Le Monde

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