

Simple démonstration de force avant une négociation ou volonté d’éradiquer toute forme de contestation ? Les troupes talibanes ont fait mouvement, dimanche 22 août, à bord de leurs nombreux pick-up, vers la vallée du Panchir, une province enclavée entre de hautes montagnes à une centaine de kilomètres de Kaboul, où se sont repliés les derniers combattants à refuser leur victoire, depuis la chute de Kaboul, le 15 août.
Rassemblés autour de l’ex-vice-président du régime déchu, Amrullah Saleh, et Ahmad Massoud, fils du fameux commandant Massoud dit le Lion du Panchir, tué par Al-Qaida, le 9 septembre 2001, des centaines d’hommes jurent de se battre jusqu’à la mort. Cette région est restée dans les mémoires pour avoir échappé, entre 1996 et 2001, à toutes les tentatives d’occupation par les talibans, alors que ceux-ci dirigeaient le pays jusqu’à l’intervention américaine.
Pour l’heure, chaque camp alterne entre les déclarations belliqueuses et le souhait de trouver une solution politique. « Nos combattants sont stationnés près du Panchir », a confirmé, dimanche, sur Twitter un des porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, en ajoutant que son mouvement « tente de résoudre cette affaire pacifiquement ». Jeudi, dans un message audio au Monde, M. Saleh disait être prêt à négocier avec le nouveau régime à condition que le peuple afghan ait « son mot à dire sur le type d’Etat » qui présidera au destin du pays. Il assurait, néanmoins, qu’il n’y aura de leur part « aucune reddition » ni « aucune déclaration d’allégeance ».
Une position reprise par Ahmad Massoud, qui a appelé à la formation d’un gouvernement inclusif où l’ensemble des différents groupes ethniques du pays seraient représentés, soulignant qu’un « régime totalitaire » ne devait pas être reconnu par la communauté internationale. Dans des propos rapportés par la chaîne Al-Arabiya TV, basée à Dubaï, il a assuré qu’il ne rendrait pas aux talibans les zones du pays dont il a le contrôle, ajoutant qu’une guerre serait « inévitable » si le mouvement islamiste venait à refuser le dialogue. « Les talibans ne dureront pas s’ils continuent ainsi. Nous sommes prêts à défendre l’Afghanistan et nous mettons en garde contre un bain de sang. »
Pénurie de munitions
Lundi, des informations non confirmées, diffusées essentiellement sur les réseaux sociaux, faisaient état d’escarmouches et d’embuscades aux abords de la vallée du Panchir dont l’entrée, connue pour ses premiers virages épousant une gorge étroite, rend l’invasion très complexe pour des forces extérieures. Encerclées de part et d’autre de la vallée, les troupes du Front national de résistance (FNR) s’efforcent de briser un blocus qui menace de les priver de munitions et de nourriture. Le 20 août, ces combattants, associés à des milices villageoises anti-talibanes, auraient tenté d’ouvrir un corridor vers le nord pour avoir un accès vers le Tadjikistan en prenant le contrôle de trois districts de la province de Baghlan, occupés par des talibans.
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via LeMonde
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