

Rassurer les Ukrainiens : tel était l’objectif d’Angela Merkel en se rendant à Kiev, dimanche 22 août, deux jours après avoir été reçue par Vladimir Poutine à Moscou. Malgré les propos qu’elle a tenus sur les trois principaux dossiers qui empoisonnent les relations ukraino-russes – le gazoduc Nord Stream 2, la guerre dans le Donbass et le sort de la Crimée –, elle n’y est pas franchement parvenue.
Concernant Nord Stream 2, qui doit acheminer annuellement 55 milliards de mètres cubes de gaz russe vers l’Allemagne via la mer Baltique, Kiev a vécu comme une trahison l’accord conclu entre Berlin et Washington le 21 juillet. En mettant fin aux sanctions américaines, celui-ci a rendu inéluctable l’achèvement du chantier de ce gazoduc auquel l’Ukraine s’est toujours opposée, estimant qu’il permettra à la Russie d’exporter son gaz en Europe en la contournant et donc en la privant d’une source importante de revenus.
A Kiev, dimanche, la chancelière allemande, qui quittera le pouvoir après les élections législatives du 26 septembre, a essayé de convaincre le président ukrainien Volodymyr Zelensky qu’il n’avait pas à s’inquiéter. « Il est important que l’Ukraine reste un pays de transit [du gaz russe] », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue. Sur ce point, elle a assuré que l’Allemagne, comme le stipule l’accord du 21 juillet, s’est engagée à ce que le contrat de transit qui lie la Russie et l’Ukraine, qui doit expirer en 2024, soit prolongé. « Le plus tôt sera le mieux », a-t-elle précisé, ajoutant que « les Etats-Unis et l’Allemagne sont d’accord sur le fait que le gaz ne doit pas être utilisé comme une arme géopolitique ».
Les espoirs de Kiev douchés
A ses côtés, M. Zelensky ne s’est guère montré rassuré. « S’agissant de la prolongation du contrat de transit au-delà de 2024, je n’entends que des choses très générales », a-t-il regretté, en faisant référence aux sanctions évoquées par l’Allemagne en cas de politique gazière agressive de la Russie contre l’Ukraine, dont Kiev juge le mécanisme trop imprécis pour constituer un moyen de pression efficace sur Moscou. « C’est une erreur de ne pas voir que [Nord Stream 2] est une arme dangereuse non seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour l’Europe dans son ensemble », a répété M. Zelensky, sous-entendant clairement que Mme Merkel était naïve de croire le contraire.
S’agissant du Donbass, région de l’est de l’Ukraine où sévit depuis 2014 une guerre alimentée par des groupes séparatistes soutenus par Moscou, la chancelière allemande a certes accusé « la Russie [d’être] directement impliquée dans ce conflit », ce que Moscou dément et ce qui explique, selon elle, que les pourparlers de paix « tournent en rond ». Si elle a plaidé pour une reprise des négociations dans le cadre du « format Normandie », qui associe l’Ukraine, la Russie, la France et l’Allemagne, Mme Merkel a toutefois douché les espoirs de Kiev, qui souhaiterait que l’Allemagne lui vende des armements. « Nous comptons beaucoup » sur le changement de position de Berlin à ce sujet, a déclaré M. Zelensky, profitant de l’occasion pour rappeler que les Etats-Unis et le Royaume-Uni, eux, se sont engagés à fournir des navires militaires à l’Ukraine.
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via LeMonde
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